La douleur physique (type TMS) et le sommeil ont une relation bi-directionnelle : la douleur peut perturber le sommeil, et un sommeil court (ou perturbé) peut diminuer le seuil de sensibilité à la douleur et entraîner une souffrance spontanée.
Mais le manque de sommeil impact différents domaines de la santé globale.
Selon l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), les bénéfices du sommeil sur la santé sont très nombreux.
👨🏼⚕️Comme l’explique Dr Raymonde Jean, directrice du département de médecine du sommeil de l’hôpital Saint-Luke de la ville de New York : «Beaucoup de choses que l’on considère comme acquises sont directement liées au sommeil (...) Mieux vous dormez, plus vous améliorez votre qualité de vie — c’est une évidence médicale. »
Nous pourrions nous attarder sur les liens entre le sommeil et les mécanismes neuro-biologiques mais beaucoup d’informations risquent de nous détourner du sujet que nous traitons ici : l’impact sur la douleur, sur le bien-être physique.
Nous retiendrons que le système opioïde est directement impacté par un manque de sommeil.
Ce système opioïde a un rôle central dans différents domaines :
→ la modulation de la douleur
→ la régulation de la réponse au stress,
→ la régulation de la fonction immunitaire
→ la régulation émotionnelle.
On sait que l’activation des récepteurs du système opioïde est associée à une réduction de l’intensité de la douleur mais aussi que des peptides (formations d’acides aminés) opioïdes sont libérés dans le cerveau en réponse à la présence d’une douleur soutenue.
Il a également été démontré que la perturbation expérimentale aiguë du sommeil chez des individus sains altère le système endogène d’inhibition de la douleur.
📛 A noter qu'une diminution de la capacité d'inhibition de la douleur a également été observée chez les patients souffrant de troubles de l'insomnie.
Ces éléments nous suggèrent qu'un sommeil insuffisant détériore le fonctionnement du système antinociceptif opioïde et qu’un manque de sommeil entraine une dégradation de la santé mentale par la dérégulation de la réponse au stress et par la dérégulation émotionnelle.
📄 Nous nous penchons à présent sur une étude évaluant 2498 femmes sur une période de 17 ans.
L’étude définit une douleur musculo-squelettique chronique en ces termes :
⏰ + de 3 mois de douleur ( ce délai étant dépassé, on parle de douleur chronique)
⚡️ Douleur dans les articulations, le bas du dos, ou l’ensemble du corps
Dans la population étudiée, la prévalence d’une douleur musculo-squelettique chronique était de 57% en 1990 et 61% en 2007 !
Parmi les personnes qui n’avaient aucune douleur au début de l’étude:
→ 44% d’entre eux ont développé une douleur chronique, alors que seulement 25% ont réussi à se débarrasser de leur douleur qui est apparu au cours de l’étude
Tableau de la fréquence des douleurs chroniques, des troubles du sommeil et des problèmes de santé non spécifiques chez les individus n’ayant rapporté aucune douleur et ceux qui ont rapporté une douleur chronique (Whibley et al, 2019)
Cette étude établit que la qualité du sommeil est un facteur de prédiction d’apparition, de maintien ou d’apparition de la douleur.
Le sommeil est également un facteur modifiant la sensibilité à la douleur, ce qui explique pourquoi 2 individus peuvent avoir un même problème physique, mais seul l’un deux souffre de ce problème.
Il ne faut donc pas négliger notre temps de sommeil…et ne pas en abuser non plus 🙅🏼♂️!!
Edward publie un article en 2012 analysant une expérience étudiant un échantillon de 971 adultes.
L’auteur et ses confrères expliquent que - de 6h ou + de 9 heures de sommeil augmente significativement la fréquence de plaintes pour douleurs le lendemain.
Il indique également que la douleur prédit la qualité du sommeil de la nuit qui va suivre, bien que la force de l’association est moins forte comparée à l’impact de la qualité du sommeil sur la douleur physique (type TMS).
Une étude relayée par le The Journals of Gerontology réalisée sur 55 000 personnes entre 50 ans et 75 ans (Stenholm & al., 2019) constate que les personnes qui dorment entre 7h et 8h30 par nuit ont une espérance de vie en bonne santé de 6 ans supérieure à celles qui souffrent de troubles du sommeil (qui dorment moins de 7h, ou plus de 9h par nuit).
Un lien a également été établi entre le manque de sommeil et les interactions sociales :
Cette observation relève d’une étude de chercheurs du Département de Psychologie de l’Université de Californie à Berkley (Simon & Walker, 2018), décrite dans l’article de Céline Deluzarche pour Futura. Des chercheurs ont exploré l’effet de la privation de sommeil sur les relations sociales et ont constaté, via IRM, une activation réduite des zones du cerveau associée à l’empathie et la sociabilité pour les personnes privées de sommeil.
Le sommeil est donc essentiel pour le bon conditionnement de notre santé physique et mentale ainsi que pour nos relations sociales.
Sources :
Haack, M., Simpson, N., Sethna, N., Kaur, S., & Mullington, J. (2020). Sleep deficiency and chronic pain: potential underlying mechanisms and clinical implications. Neuropsychopharmacology, 45(1), 205-216.
Whibley, D., AlKandari, N., Kristensen, K., Barnish, M., Rzewuska, M., Druce, K. L., & Tang, N. K. (2019). Sleep and pain: a systematic review of studies of mediation. The Clinical Journal of Pain, 35(6), 544.
Edwards, R. R., Almeida, D. M., Klick, B., Haythornthwaite, J. A., & Smith, M. T. (2008). Duration of sleep contributes to next-day pain report in the general population. PAIN®, 137(1), 202-207.
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